Anne-Laure Dugué est depuis 17 ans au service de la faune en détresse. En tant que responsable du programme faune en détresse à la LPO, ses missions sont d’organiser l’action en cas de situation dite de crise (tempête, marée noire…) et de développer des projets et actions en lien avec les causes d’accueil dans les centres de sauvegarde (chocs contre les surfaces vitrées, cavités pièges, maladies au jardin, prédation du chat domestique…). Elle participera au colloque « l’Animal en Marche » fin septembre à l’université de Nanterre.
1/ De nombreuses études pointent les « dégâts » causés par les félins domestiques sur la petite faune sauvage. Pouvez-vous nous dire quels sont les animaux les plus visés et quel est exactement l’intensité de l’impact sur la biodiversité ?
A.L Dugué : Il va falloir être patient ! En effet, le MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle) et la SFEPM (Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères), avec le soutien de la région Ile-de-France, ont mis en place un observatoire participatif invitant les propriétaires de chat(s) à partager leurs observations. Cet outil a pour but de mieux comprendre l’activité prédatrice des chats et d’évaluer leurs impacts sur la faune sauvage. Les résultats de la période août 2015-août 2016 (25 000 proies environ) vont être publiés pour l’automne et Roman Pavisse, en charge de cet observatoire pour le MNHN, présentera les objectifs et les premiers résultats au séminaire « l’Animal en Marche », le dimanche 01 octobre lors de notre présentation « Les chats domestiques et la petite faune sauvage ».
2/ Difficile d’empêcher des chats domestiques de chasser, s’ils vivent dans un environnement favorable à cela ! Est-il vraiment possible de limiter cet impact sur la faune sauvage ?
A.L Dugué : Effectivement, la plupart des chats domestiques (tous n’ont pas accès à l’extérieur !) sont des prédateurs. Les petits félins tuent un nombre variable de proies, certains étant plus efficaces que d’autres ! D’après des études menées en France (notamment par la LPO !) et dans le monde, la cohabitation des chats domestiques et de la petite faune du jardin est possible avec des mesures assez simples… Aucune solution ne supprimera totalement les dégâts ou les victimes, mais le cumul de solutions contribuera à en réduire le nombre. À chacun de mettre en place les dispositifs adaptés à son chat ou à celui du voisin, ou à son jardin et ses aménagements.
3/ Comment, selon vous, améliorer la cohabitation entre animaux domestiques, humains et faune sauvage ?
A.L Dugué : En travaillant tous ensemble ! Depuis que la LPO travaille sur la prédation du chat domestique, nous recevons de nombreux messages de remerciements mais aussi de passionnés de chats nous reprochant de les stigmatiser (d’en faire des boucs émissaires) ou d’autres nous demandant d’être plus radical…
Ce n’est ni notre objectif, ni notre rôle. Pour autant, la LPO, très attachée à la cause animale, est sollicitée quotidiennement par des personnes désarmées devant la détresse d’oiseaux, de petits mammifères ou encore de reptiles retrouvés dans la gueule ou les griffes de leur chat, et les conseille sur les premiers gestes pour secourir l’animal blessé, le soigner. Nous souhaitons également accompagner et responsabiliser ces personnes afin de trouver des solutions de prévention.
C’est d’ailleurs en ce sens que, depuis 2017, nous travaillons avec Mars Petcare et développons actuellement plusieurs outils de sensibilisation (affiche, vidéos…) afin de « donner les moyens de prévention à la prédation aux propriétaires qui le souhaitent ».